
Après le stress de la préparation et du départ, c’est l’émotion qui a pris le dessus quand j’ai vu les 75 bateaux sous spi colorés avec comme paysage de fond la baie de Concarneau.
J’ai dû vite ranger mon émotion afin de passer en mode course, car il y avait déjà beaucoup de bateaux devant nous. Le vent était faible, la mer calme et très vite, je suis pris au jeu de la régate !
En ce début de course, les bateaux sont proches les uns des autres et l’ambiance est un peu la même que pendant les régates de club au SNEH Club de voile, Plate Taille, Belgique. On dépasse, on se fait dépasser, mais finalement nous sommes gagnants et nous sommes plutôt bien placés.
Comme prévu, quelques heures après le départ, le vent monte et tourne légèrement. Avant les autres, nous choisissons de changer de voile et de mettre le gennaker en conservant une route au-dessus de la flotte. Très bon choix, car cela nous permet de passer un grand nombre de bateaux et de pointer à hauteur de l’île de Groix en 22ᵉ position.

L’ambiance à bord est top et nous faisons des pronostics très ambitieux pour le reste de la course, mais, la voile est un sport mécanique avec tous ses imprévus.
Le vent continue à monter, tourne à nouveau et nous décidons de repartir avec le spi. Les tensions dans le gréement sont de plus en plus fortes, le bateau file à 12 nds quand un claquement se fait entendre. La drisse de spi vient de céder !
Je récupère le spi et nous envoyons le gennaker le plus rapidement possible, mais nous avons déjà perdu quelques places.
Le bateau reprend de la vitesse, le vent continue à monter, 20 nds avec des rafales à 25 nds et comme un incident n’arrive jamais seul, c’est le bout dehors qui se détache et le gennaker fini également dans l’eau.
Même si rien n’est endommagé, il est impossible de remettre cette voile de 37 m² qui est maintenant en vrac dans le bateau. Nous perdons à nouveau de nombreuses places pour se retrouver dans la queue de la flotte.
Heureusement la deuxième partie du parcours sera au près et nous n’aurons plus besoin de cette voile.
La nuit est tombée sur Belle île, et les falaises du sud de l’île sont éclairées par la lune. Le vent est fort et la mer est agitée, nous sommes de plus en plus secoués et les moutons au-dessus des vagues nous donnent un spectacle inoubliable.
À la sortie de Belle île, la flotte est bien étirée et nous nous battons contre des point blancs, rouges ou verts selon que les bateaux de nos concurrents sont devant à tribord ou à bâbord de nous.
La main sur la barre, un œil sur l’horizon et l’autre sur les écrans, la concentration est au maximum pour passer les vagues en gardant un maximum la vitesse du bateau.

À hauteur de Groix, la lune va se coucher, la nuit est de plus en plus froide et les paupières sont lourdes. C’est tout droit jusqu’aux Glénans sans obstacle.
Le phare de Penfret et sa lumière rouge me sert de guide au milieu de tous les feux blancs en haut des mâts des nombreux mini devant nous.
De retour dans la baie de Concarneau, nous avons regagné quelques places, le soleil se lève et nous arrivons au bout. La course n’est pas finie, car il nous reste une marque de parcours à aller chercher avant de faire route sur la ligne d’arrivée.
La course est jouée, mais pour ce dernier bord, je dois puiser dans mes réserves pour hisser une dernière fois le spi.
Je dois avouer que sans une petite remarque agaçante de Thibault, je n’aurai certainement pas fait cette dernière manœuvre.
Nous finissons à la 52ᵉ position un peu déçu par le résultat, mais très fier d’avoir fini et bien géré cette première course en mini.
Un tout grand merci à Thibault Raymakers Skipper pour m’avoir accompagné en me laissant la liberté de gérer ma course et développer la confiance en moi nécessaire pour les futures courses en solitaire.
Source : Vincent Chabot Mini 6.50
Avec le soutien de Fédération Francophone du Yachting Belge et Tribord Sailing